D'habitude, les marins reviennent des étapes, fatigués. Aujourd’hui en arrivant au Robert, après plus de 30 milles de course, ils sont aux choix : “cuits”, “rincés”,” défoncés” ou “explosés” ! Les corps las, les mains tremblantes, les yeux rougis témoignent de l’intensité du match qu’ils viennent de délivrer.
Les marins racontent le vent de nord-ouest bien établi autour de 25 nœuds. Ils expliquent surtout, passé l'îlet Cabrits, la houle atlantique, énorme entre 2,5 et 3 mètres, la mer croisée à la bien nommée Table du Diable.
Ils reviennent sur leur course dense, intense, plus encore, peut-être, que d’habitude ! “Sur toute la course, j’ai dû prendre 20 secondes pour aller chercher la gourde et boire : pas suffisant ! ”, concède Fred Moreau.
En tête depuis le départ de la manche, on retrouve les mêmes protagonistes, ceux qui animent la course depuis le début de semaine et qui se battent pour le classement général. Les duos Erussard/Moreau, Gillet/Poix, Marfaing/Tentij, Bontemps/Amiot, Parent/Weisskichel. Autant vous dire que personne ne veut rien lâcher. Sur cette avant dernière étape du Martinique Cata Raid, il y a des places à défendre, des minutes à grappiller, potentiellement un podium à bousculer.
Si les Nico’s, accompagnés de Matthieu Marfaing et Bastiaan Tentij, s’extraient un temps de la meute, ils mettent du temps à repérer une marque de parcours et se font irrémédiablement reprendre ! La fin de la course se fera à 5 bateaux, collés les uns au autres, en mode marquage à la culotte. “ Cette partie de la course a été incroyable, confie Bastiaan Tentij. On était tellement proches les uns des autres, collés dans un mouchoir de poche, on ne pouvait rien lâcher, pas se poser un quart de seconde, c’était incroyable et très dur.”
Sur la remontée vers le Robert, peu après le Vauclin, Victorien Erussard et Fred Moreau (Energy Observer) trouvent l'énergie pour se relancer et tenir jusqu’à la ligne d’arrivée mouillée devant le Club Wind Force du Robert ! “Vic et Fred” remportent ici leur troisième victoire sur 5 étapes disputées. Surtout, ils confortent leur place de leader au général provisoire avant la dernière manche demain.
La deuxième place de l’étape du jour se joue dans un mouchoir de poche ; sur la ligne, au photo finish, 1 petite seconde sépare Nicolas Gillet - Nicolas Poix (Socoveam - Anmizi) deuxièmes, de Matthieu Marfaing - Bastiaan Tentij ( Cirrus - MMSailing) : quel combat !
Si vous cherchez les F16, regardez devant, vers la tête de flotte ! Eux non plus ne lâchent rien et naviguent avec application. Thomas Proust et Lou Berthomieu (Girafa & Criqueto) rivalisent avec les meilleurs F18. Ils bouclent la manche avec une nouvelle quatrième place au scratch. Yohan Debauque et Léo Maurin, ne déméritent pas non plus ; eux n’ont pas raté un top 10 au scratch depuis le début de la compétition ! On parle beaucoup du niveau sportif de la catégorie F18, autant vous dire que, la classe F16 n’a rien à lui envier !
En wing, Oscar Leclair et Alan Fedit se sont offert une manche de rêve. Partis tous les deux en tête, ils ne seront plus jamais repris, creusant un écart impressionnant, 18 minutes, avec Orane Céris, seule femme de la compétition qui se classe donc troisième. Les garçons se sont éclatés, se sont presque “perdus” et Alan s’est même payé le luxe, pour son plus grand plaisir, de dévaler des vagues de plus de 2 mètres !
Pour tous, rendez-vous est pris demain matin au Robert pour l’ultime manche. On connaîtra, enfin, le podium de cette dixième édition du Martinique Cata Raid.
Oscar Leclair et Alan Fedit - Wingfoil :
C’était une super étape sur laquelle on a pris beaucoup de plaisir. Il y avait une belle houle au large et c’est probablement l’étape sur laquelle on a eu le plus de vent, un bon 25 nœuds au large, c’était bien sympa ! J’ai fait 61,8 km/h, c’est pas mal ! (33 nœuds). On s’est pris des casiers enroulés dans le foils, on ne savait plus trop où on devait aller, on s’est attendu. Alan est passé dans un endroit où il devait y avoir 2 mètres de vagues : ce mec est fou ! L'étape du jour ? régalade, magnifique !
Yohan Debauque et Léo Maurin - deuxièmes de la manche
Déjà, on n’a pas dessalé cette fois ! Donc au lieu d’arriver 7 minutes derrière Thomas et Lou, je pense qu’on arrive 3 ou 4 minutes max derrière eux, j’espère même moins on verra…
C’est l’étape que j’ai préférée, celle sur laquelle on fait la meilleure vitesse du bateau, je ne sais pas encore combien, certainement au-delà de 20 nœuds !!
Victorien Erussard - Fred Moreau Energy Observer - Vainqueurs d’étape
- Victorien : Physiquement, c’est largement l’étape la plus dure. On a tous beaucoup souffert. Pour moi, (victorien) c’est la plus hard, j’ai les yeux explosés : tu prends des paquets de mer en permanence, je ne voyais plus rien, c’est Fred qui me guidait. Par contre, on est hyper content de la gagner ! L’objectif était de ne pas perdre trop de temps vis à vis de Gurvan et Ben (Bontemps/Amiot) et finalement on leur remet une couche. Franchement, on l’a bien gagnée celle-ci !
- Fred : C’était la manche où on pouvait tout perdre. On a toujours été dans le groupe de tête mais avec un petit peu de réserve, on essayait de contrôler ; mais à contrôler on perdait un peu le fil. Il y a eu un nouveau départ après le Vauclin, avec 4 à 5 bateaux. On a retrouvé le rythme pour pouvoir allonger la foulée au reaching jusqu’à la bouée du Lou Garou. La rentrée dans la Baie du Robert, au portant avec la mer qui se lisse, c’était la récompense : le dessert !
Nicolas Gillet Nicolas Poix - Socoveam Anmizi - Deuxièmes de la manche
Avec Nico, on n’a pas de problème avec ce genre d’étape un peu dure. On prend un très beau départ, on galère à envoyer le spi mais comme hier, on remonte au près. Sur le reaching, on accélère mais on ne trouve pas la bouée, alors qu’on avait une bonne avance.
Ils nous ont recollé, ils nous ont mis la pression. le point super positif c’est que normalement on marche moins bien sous spi mais que là, dans la baie on a tenu Gurvan et Matthieu.
Le truc magique c’est qu’on a fait un planté dans la baie du Robert, le seul de l’étape ! Nico (Poix l’équipier) était dans le strap, il est passé devant le spi sans toucher les voiles et il est remonté à bord Il n’a rien touché, il ne s’est même pas mouillé : Propre ! 10 en technique - 10 en artistique .
Matthieu Marfaing - Bastiaan Tentij Cirrus MMSailing - Troisième de la manche
Je suis content de notre place. On avait décidé d’attaquer à fond mais on a dessalé dans la minute avant le départ ! On n’a pas paniqué, on part dernier mais on fait une belle remontée au près. On prend la tête, les Nico’s la reprennent et on s’est calé sur eux : ils vont vite, ils connaissent le coin, c’est un bon moyen pour nous étalonner en termes de vitesse, on a un peu moins regardé la navigation et là, en fait, on s’est rendu compte que la bouée était en dessous. Le groupe de derrière est revenu et on a perdu tout le travail qu’on avait fait. Vic et Fred nous ont passé, on était dans le dur et je crois que tout le monde l’était ! On était proche de l’arrivée, on a préféré conforter le podium pour demain.